Réunion mensuelle du vendredi 26 mai 2017
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C’est dans une salle magnifiquement décorée pour la circonstance, que 80 de nos adhérents ce sont retrouvés pour écouter les responsables de l’A.D.D.U.F.U., nous parler de la forêt usagère ……
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Une forêt historique, une forêt dite « Usagère »
Ce système de fonctionnement unique en France remonte à très loin. Les premières traces écrites datent du XVe siècle.
A l’époque les seigneurs avaient décidé d’accorder à certains habitants le droit de se servir en bois gratuitement dans un but bien précis, celui de fixer les populations qui réalisaient ainsi une économie substantielle.
Avec le système juridique instauré par les seigneurs dites »baillettes », d’autres habitants obtenaient le droit de récolter la gemme dont ils allaient tirer la plus grande ressource.
Ceux là s’appelaient les « ayants pins ».
Durant 2000 ans, le gemmage a été pratiqué par ces « ayants pins », aussi appelés « les résiniers » ils ont participé jusque dans les années 1980 à l’entretien de la forêt.
Bien aidés par leurs animaux, des vaches en particulier, ils taillaient et entretenaient la forêt pour favoriser la pousse des pins.
Malheureusement au fil des années, leur activité a décliné et ils ont aujourd’hui ils ont disparus.
Les habitants des communes voisines peuvent aussi venir se servir en bois mort.
C’est ce qu’on appelle une forêt usagère,
statut unique en France.
le bureau de l’Associoation est composé de :
Christian GOUSSET(La Teste) Président
Jean Claude DUPOY (La Teste); Jean Luc PERLMUTTER (La Teste); Claude SOLOGNE (Arcachon) Vice Présidents
L’ancien Président JC DUPOY et le nouveau C.GOUSSET
Francis BEGU (La Teste) Trésorier
Alain CALLEDE (La Teste) Trésorier Adjoint
Philippe Pascal FUR (Gujan Mestras) Secrétaire
Michel LECOINTE (La Teste) Secrétaire Adjoint
Je passe la parole à Michel LECOINTE et à Philippe FUR qui vont nous présenter leur association
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La Forêt Usagère et L’A.D.D.U.F.U.
ADDUFU = acronyme de Association de Défense des Droits d’Usage et de la Forêt Usagère
Le massif forestier
a/ Origine :
C’est une forêt originelle, c’est à dire naturelle. Elle n’a pas été plantée par la main de l’homme. Elle date de plus de 3000 ans et a été exploitée pour la résine depuis plus de 2000 ans. Elle n’est pas exploitée dans le cadre de la sylviculture. Jusqu’au siècle dernier, sa régénération était garantie par son modèle de gestion unique reposant sur un équilibre entre le massif, la récolte de la résine et les usages. L’ usager y mettait son bétail en pacage, y prélevait le bois mort pour se chauffer et le bois vif pour ses constructions (habitations, cabanes ostréicoles et installations portuaires,bateaux, et notamment les célèbres pinasses faites en bois de pin, d’où leur nom, ainsi que le balisage du bassin effectué avec les pignots). Ce prélèvement des pins en fin de vie laissait ainsi la place et la lumière nécessaires aux jeunes pousses. Depuis la fin du gemmage, cette forêt est peu entretenue, le sous-bois se densifie au détriment de la pousse des jeunes pins et le prélèvement de bois vifs n’est pas assez important, ce qui ne favorise pas la régénération naturelle. Notons à cette occasion que le gemmage et le savoir faire qui s’y rattachent qui se sont généralisés au XIXème siècle dans le massif des landes de Gascogne sont issus de la forêt usagère où ils ont été inventés.
b/ Composition :
La strate arborée est exclusivement composée de pins maritimes. La strate arbustive est plus riche et plus complexe comprenant des chênes, du houx, de l’arbousier, du sureau, de l’aubépine, parfois du robinier; enfin la strate herbacée est notamment composée de fougères aigles, de genêts, d’ajoncs, de ciste à feuille de sauge, de bruyères; de mélampyre, de chèvrefeuille, ou encore de fragon (faux houx).
Quelques arbres remarquables par leurs mensurations ou leur physionomie s’égrènent dans le massif comme les pins bouteilles nommés ainsi en raison de leur forme caractéristique liée à plusieurs décennies d’exploitation de la résine.
Le pin a réagi aux carres successives de gemmage en formant des bourrelets de cicatrisation (les ourets) qui années après années ont élargi significativement la base du tronc.
Autres arbres remarquables : les chênes pluricentenaires rencontrés à proximité de la quasi totalité des cabanes de résiniers.
Ces cabanes de résiniers sont toutes construites en bois de pin de la FU. estinées à accueillir les gemmeurs et leur famille, elles sont souvent bâties sur un modèle analogue : allongée d’est en ouest autour d’une cheminée, peu d’ouvertures (souvent sombres), entrée au sud, une pièce de vie à laquelle est adossée une à deux chambres et un appentis. Elles sont toutes entourées d’une large « place » (espace ouvert) qui accueillait un puits, un potager, un poulailler, une vigne et quelques dépendances. Un ensemble de chemins de sable relie les cabanes entre elles et concentre toute le vie de la forêt, des gemmeurs aux scieurs en passant par les muletiers.
c/ Situation
u XVème siècle la Forêt Usagère s’étendait sur les massifs baptisés « La Grande Montagne de La Teste », « La Montagnette » et « La Petite Montagne d’Arcachon ». Elle est l’expression primitive de la forêt des Landes de Gascogne et de ses plantations de pins. Au fil des siècles et notamment lors de la création d’Arcachon de 1853 à 1857, la Forêt Usagère a vu sa superficie diminuer principalement par la perte de la Petite Montagne d’Arcachon. Aujourd’hui, cette forêt de 3800 hectares fortement vallonnée s’étend approximativement du sud de l’agglomération de la Teste, à hauteur de l’hippodrome dans sa partie nord, jusqu’aux rives du lac de Cazaux dans sa partie sud, et globalement de la route de Cazaux à l’est jusqu’à une ligne qui rejoint la dune du Pilat à la pointe ouest du lac de Cazaux sur sa partie ouest. Les limites exactes sont précisées par la carte de Durègne éditée en 1901.
d/ Le Captalat de Buch
Au XVème siècle l’organisation administrative n’est pas celle d’aujourd’hui. Le territoire sur lequel nous vivons s’appelle le Captalat de Buch. Le seigneur est le Captal de Buch. Le captalat recouvre les paroisses de La Teste, de Cazaux, et de Gujan-Mestras. Cela correspond aujourd’hui aux communes de La Teste, y compris Cazaux dont la paroisse indépendante à cette époque a été rattachée à La Teste lors de la création de cette commune, de Gujan-Mestras, d’Arcachon, devenue commune en 1857, sous l’impulsion de Napoléon 3 et des frères Pereire, et de la presqu’île du Cap Ferret, rattachée administrativement à Lège en 1976, mais dépendant de La Teste avant cette date.
e/ Statut de la Forêt Usagère
La Forêt Usagère de la Teste de Buch est régie par un statut particulier, unique en France. La forêt est une forêt privée, entendez par là qu’elle est composée de parcelles appartenant à des propriétaires privés. Ce n’est pas une forêt communale ou domaniale. Les textes qui la régissent s’appellent les « Baillettes et Transactions ». Les articles du Code Forestier ne sont pas applicables à la gestion de la Forêt Usagère. Les premières Baillettes dont nous avons des traces écrites datent de 1468 et sont des droits donnés par le Captal de Buch aux habitants de l’époque. Le terme de baillettes vient du verbe bailler qui signifie donner et dont on retrouve encore trace aujourd’hui dans le bail de location. Les Transactions sont des conventions qui ont été établies, par la suite entre le seigneur, les propriétaires et les habitants. Ces documents sont établis et officialisés devant notaire.
Les usagers se définissent en deux catégories : les ayants-pins et non-ayants-pins. Les ayants pins sont aujourd’hui les propriétaires des parcelles et les non ayants-pins, les habitants bénéficiant des droits d’usage. Tous les usagers sont représentés par des syndics généraux. Deux sont nommés par les propriétaires en assemblée générale, un par le conseil municipal de La Teste et un par le conseil municipal de Gujan. Quatre syndics suppléants sont nommés dans les mêmes conditions.
LES DROITS D’USAGE AUJOURD’HUI
- qui est usager ?
Les usagers sont les habitants dont la résidence principale au sens civil du terme se trouve sur le territoire de l’ancien captalat. La résidence principale est par définition le logement d’habitation effectif de la personne. Une résidence est considérée comme principale à partir du moment ou le résident et sa famille y vivent et où le centre des intérêts matériels et professionnels s’y trouve. A titre individuel, il est impossible d’avoir deux résidences principales. En font donc partie les habitants de La Teste, de Gujan, de la presqu’île du Cap Ferret et d’Arcachon qui remplissent les conditions précisées supra. A ces personnes il faut rajouter la famille Villien de Gabiole domiciliée au château de Ruat au Teich, les châtelains étant usagers à perpétuité en héritage du captal de Ruat (transaction de 1746)
- en quoi consiste les droits d’usage
Le premier et peut-être le plus important est la liberté de circulation en forêt usagère. Nulle clôture ne doit y être dressée.
Le plus connu et le plus utilisé aujourd’hui est bien sûr le droit à la gratuité du bois. Néanmoins des conditions et des principes sont à respecter. Pour le bois de chauffage, tout bois mort peut être ramassé. Du bois vif hormis le pin peut être coupé raisonnablement, « en bon père de famille » précisent les baillettes et transactions et selon les besoins de chacun. Pour le bois d’œuvre, les conditions sont un peu plus exigeantes. En effet un habitanat de 10 ans sur le territoire est exigé pour bénéficier de ce droit. Les habitants de la petite Montagne d’Arcachon sont soumis à des conditions particulières consécutives au rachat de leurs droits d’usage (transaction de 1855).
D’autres droits comme le droit de ramassage des pignes font aussi partie des droits d’usage.
- quelles sont les interdictions
Il est interdit de faire commerce du bois d’usage, de l’exporter en dehors du territoire usager. Il ne peut être utilisé à des fins commerciales ou professionnelles sauf pour les agriculteurs et ostréiculteurs. Un artisan ne peut vendre du bois d’usage pour ses réalisations, mais en revanche un usager peut se procurer du bois d’usage et faire réaliser les travaux par un professionnel.
- comment obtenir du bois d’œuvre
Nous avons vu que la transaction de 1759 autorise les usagers à abattre des pins vifs pour leur besoin, après avis des syndics des propriétaires. Cet avis est justifié par la bonne gestion de la forêt, les syndics choisissant et marquant les arbres à abattre mais ne pouvant refuser l’abattage.
Aujourd’hui la démarche est la même. Une demande est à adresser aux syndics qui l’examinent et désignent les bois à abattre. Ils ne peuvent refuser les demandes légitimes. En cas d’absence ou de refus des syndics, l’usager peut, en application d’une disposition particulière contenue dans la transaction de 1759, obtenir le bois d’oeuvre dont il a besoin chez le propriétaire de son choix.
- quel sont les droits et devoirs des propriétaires
Les propriétaires ayants pins ont la propriété utile du sol mais pas des arbres qui sont dessus, ceux-ci étant la propriété de l’ensemble des usagers. Ils conservent l’exclusivité du gemmage sur les parcelles qui sont les leurs. Ils ne peuvent clôturer leurs parcelles. Ils ne peuvent s’opposer au prélèvement du bois vif et enfin leur droit de propriété est assujetti au droit d’usage.
En conclusion, on se rend bien compte que l’exercice des droits d’usage, héritage séculaire des habitants de l’ancien captalat, n’est pas arrivé jusqu’à nous sans heurt et sans combat et demeure encore aujourd’hui une préoccupation certaine. C’est dans cet esprit qu’a été créée l’ADDUFU.
L’ASSOCIATION A.D.D.U.F.U :
a/ Création de l’association :
Après la Grande Guerre de 1914/1918 et suite à la Transaction de 1917, les usagers comprennent la nécessité de créer une association des Usagers.
Cela se fera à Gujan Mestras en 1920.
L’association ne portera pas encore le nom actuel mais « syndicat de Défense des droits d’Usage ». Puis consciente que la simple défense des droits d’usage ne suffisait pas mais que la forêt aussi devait être défendue, l’association devient ADDUFU en 1985.
b/ Missions :
Notre association poursuit deux objectifs principaux :
la défense du statut de la Forêt Usagère de La Teste de Buch et des Droits des Usagers qui s’y rattachent.
la participation au maintien de ce patrimoine écologique, matériel pour la forêt et immatériel pour le droit d’usage, unique en France.
c/ Actions :
Domaine juridique :
- Recours contre le Plan Local d’Urbanisation de La Teste de Buch qui a permis la délivrance d’un permis d’aménager à Cazaux en forêt usagère
- Concertation avec le Conservatoire du Littoral après rachat de parcelles en forêt usagère
- Liquidation du procès sur le cantonnement général.
- Plaintes pour constructions illégales en forêt usagère
- Domaine de l’animation et de la communication :
- Tenue de permanences mensuelles dans les communes du Captalat
- Fête de l’Usage et Forums des Associations Culturelles
- Relations avec les institutions et les élus locaux
- Rencontre avec les élèves des classes primaires et secondaires
- Accompagnement de groupes en forêt usagère
- Exposés à la demande
- Relations avec la presse
- Tenue du site www.addufu.org et de la page Facebook
- Communication vers nos adhérents
- Participation à la Coordination Environnement Bassin d’Arcachon (CEBA)
- Partenariat avec la SCPU dans le cadre du gemmage.
Des expérimentations sont en cours, dans le strict respect de l’environnement, toute mécanisation, coupe rase de sous bois ou utilisation d’activant issu de l’industrie pétrolière étant proscrits. L’objectif de ce partenariat est de reprendre le gemmage sur une grande partie de la forêt usagère et d’anticiper cette reprise en élaborant un guide de bonne pratique du gemmage adapté aux techniques de récolte moderne et compatible avec les patrimoines naturel et culturel de la forêt usagère.L’expérimentation avance et Matthieu Cabaussel a tenu une réunion d’information le 23 septembre 2016 accompagné par M. Leneveu de la Société Holiste.
- Domaine du pôle forestier
- Convention avec l’entrepreneur chargé de l’abattage, du débardage et du sciage
- Entretien, développement du Pôle et du matériel forestier
Pour des raisons de simplification, l’association se charge de retransmettre aux syndics les demandes de bois d’œuvre. Chaque usager ne pouvant matériellement aller couper ses arbres en forêt, nous assurons l’animation de l’exploitation du bois d’œuvre dans le strict respect des Baillettes et Transactions en s’appuyant sur le Pôle Forestier du Natus à La Teste de Buch.
A ce titre, nous assurons l’abattage et le débardage avec un matériel spécialisé.Une équipe de bénévoles a remonté une scierie après 3500 à 4000 heures de travail sur le site de ce pole forestier. Cette scierie est en mesure de traiter des billes de bois de huit mètres de long et zéro mètre soixante dix de diamètre. Avec quelques aménagements, la longueur tolérée par la scie pourra passer à une dizaine de mètres.
Jusqu’en début d’année 2015, les demandes de bois d’œuvre ne pouvaient être traitées qu’une à deux fois par an et le sciage était assuré par une scierie mobile pour un volume d’environ vingt cinq à cinquante mètres cubes par an suivant les années. Les délais d’attente pouvaient monter jusqu’à une année.
Depuis la mise en place de la scierie, les volumes traités sur 12 mois s’élèvent à environ deux cents mètres cubes. Nous avons réussi à réduire les délais d’attente à environ un mois maximum. Ces résultats sont encourageants et nous espérons pouvoir encore augmenter les volumes traités.
Cette augmentation du prélèvement de bois est nécessaire à la régénération naturelle et la pérennisation de la forêt usagère. Pour que celles-ci se fassent efficacement l’estimation de prélèvement est de un pin par hectare et par an, soit 3800 pins par an. Chaque pin pouvant fournir en moyenne un mètre cube de bois fini, nous avons donc un potentiel de 3800 mètres cubes par an,et nous en sommes encore loin.
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Après avoir remercié comme il se doit Michel LECOINTE et Philippe FUR pour la qualité de leur exposé et les précisions apportées, nous avons souhaité les anniversaire des natifs de mai :
Puis nous avons dégusté le repas proposé par le Commission Restauration avec en particulier, comme entrée, une succulente terrine sanglier- chevreuil dont les morceaux de gibier avaient été offerts par Alain et Edith, préparation surveillée par Françoise.
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Pendant le repas, nous avons parlé du courrier du Président de GUJAN-MESTRAS en FETES, concernant les bénévoles pendant ces fêtes et la responsabilité des Présidents d’Association.
Cette réunion était la dernière de notre saison 2016-2017 car en juin prochain aura lieu la sortie Gabare à Sainte TERRE.
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